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Deux ouvrages de pensées et réflexions de deux littérateurs du XVIIIe siècle reliés en un volume in-12° :
1/ GOUDAR, Ange. Pensées Diverses ou Réflexions sur Différens Sujets dans le goût de M. de La Bruyère
Paris: Prault fils, 1748. Edition Originale. (10)-181 pages
[Relié à la suite]
2/ BRUIX, Chevalier de. Réflexions Diverses
A Londres et se vend à Paris chez P.G. Le Mercier, 1758. Edition Originale. (4)-119 pages
Reliure plein cuir (dos lisse orné dorures et d'une pièce de titre en maroquin, quelques traces de frottement, coins inférieurs émoussés, tranches rouges, manque le faux-titre et nom d'appartenance barré sur la page de titre du Goudar). Très bon état. Format 9,8 x 16 cm.
Ci-dessous les biographies des deux auteurs copiées du site Dictionnaire des Journalistes (1600-1789) :
Pierre Ange Goudar est né à Montpellier le 18 mars 1708 (F.L. ; M, p. 3). Son père, Simon François, mort vers 1733, fut inspecteur général des manufactures de Languedoc. Il eut de Jeanne Cassan, sa seconde femme morte en 1743, six enfants : Jean (1702-1729) ; Joseph (1703-1783) qui deviendra procureur général de la congrégation des bénédictins de Saint-Maur ; Gérald François (1704-1786) qui dirigea la Manufacture royale d'Aubenas ; Pierre Ange ; Louis Ignace (1709-1782) qui s'associera avec Gérald François ; des jumeaux, nés en 1705, étaient morts en bas âge (M, p. 2, 3). Il aura pour compagne, à partir de 1763, la jolie Sara, d'origine irlandaise, qu'il a rencontrée dans une brasserie de Londres où elle était serveuse. Aucun document ne prouve qu'il l'ait épousée. Il la quitta plus tard en 1790 (M, p. 56). Il mourut en 1791, semble-t-il ; Sara vécut au moins jusqu'en 1794. En 1757, G. prend pour la première fois le titre de «chevalier» en tête de son ouvrage sur La Paix de l'Europe (M, p. 14).
G. aurait fait de «médiocres études à Paris» (B.Un.). En réalité, «on ne sait rien de son enfance ni de ses études», mais «ses écrits dénotent une solide instruction classique» (M, p. 3).
Il s'est très fréquemment déplacé, moins par goût du voyage que parce que ses activités de joueur, d'espion, d'indicateur, de maquereau et de pamphlétaire ne lui permirent jamais de séjourner bien longtemps dans un même lieu. De 1744 à 1746, il est en Italie ; à la même époque, il effectue peut-être un voyage à Constantinople et peut-être à Ispahan (ibid.). En 1748 il s'installe à Paris ; en 1752 il est au Portugal peut-être comme informateur commercial du gouvernement français ; en 1753 ou 1754 il est banni de Paris pour une histoire de jeu et se réfugie dans le Comtat-Venaissin (M, p. 7). Il effectue plusieurs voyages à Londres : 1750, 1755, peut-être 1761 (B.Un.). Selon Casanova (t. IX, p. 292), il est arrivé à Londres en 1762, probablement en qualité d'espion, et noue des relations avec Casanova et le chevalier d'Eon (M, p. 21). En septembre 1763 il fait la connaissance de Casanova, qu'il fréquente jusqu'en mars 1764 ( D.P.1 387). Il séjourne ensuite avec Sara à Vienne, s'en fait expulser, gagne alors Venise où il reste en 1765-1766, puis Naples (début 1767) où il rencontre Galiani (M, p. 29-30) et où il est maître de langues (B.Un.). Le couple expulsé de Naples se réfugie en Toscane ; fin 1771 il est à Milan, puis à Venise (début déc. 1771 - fin 1773), mais doit quitter Lucques en 1775, puis en 1776, Florence (M, p. 41, 49), où il a rencontré Sade (M. Lever, «Quatre lettres inédites d'Ange Goudar au marquis de Sade», D.H.S., 1991, p. 225). On retrouve ensuite la trace de G. et Sara à Bologne, Milan et Turin (M, p. 51). Sara fut-elle abandonnée en 1777 lors d'un séjour en Hollande (B.Un.) ?F.L. Mars ne le croit pas (M, p. 56). G. passe en Angleterre l'hiver 1777-1778 avant de revenir effectuer une mission confidentielle à Londres en 1783 (ibid., p. 51, 60). A cette époque il travaille à la fois pour les Affaires Etrangères, pour la police et peut-être pour le chevalier Zeno, ancien ambassadeur de Venise en France (ibid., p. 55). Il réside à Paris jusqu'à sa mort.
Ayant fui, semble-t-il, la maison familiale, G. est réduit à la portion congrue dans le testament de sa mère. Le seul revenu régulier et honorable dont il ait disposé fut la rente que lui servirent son frère Gérald François, puis le gendre de celui-ci, François Ruelle (M, p. 2). Dénué de scrupules, il vit du jeu, d'activités d'entremetteur (en particulier des charmes de Sara), de pamphlétaire, d'espion. Des témoignages demeurent de ses rapports mouvementés avec les libraires ; ceux d'Avignon par exemple, auxquels il parvint à extorquer 1700 £ pour L’Histoire des Grecs (ibid., p. 15-16).
En 1763 à Londres, il est payé «d'une manière fort crasseuse» par l'ambassadeur français Guerchy pour rédiger des pamphlets contre le chevalier d'Eon ; il n'hésite pas alors à proposer aussi ses services à d'Eon, qui s'en indigne (ibid., p. 25). Selon Casanova, G. quitte Londres « avec mille guinées gagnées par fraude ou biribi» et s'installe à Naples (début 1767) où il mène grand train, donnant «des fêtes, des bals et des repas» dans un palais du Pausilippe (ibid., p. 29-30). «Il n'eut rien de plus pressé», écrit-il, «que de me confier qu'il se soutenait par les jeux de hasard. Pharaon et biribi faisaient toute sa rente ; et elle devait être considérable puisque tout chez lui était magnifique» (Casanova, t. XI, p. 264). La vente du manuscrit de L'Espion chinois aurait rapporté à G. 4000 sequins. Quant à L'Espion français, il l'aurait vendu trois fois avant même de l'avoir terminé ( D.P.1 387, p. 365) et la souscription lui aurait rapporté 20 000 £ (M, p. 54). Il tire aussi profit de ses activités d'« observateur » : en 1783 à Paris, il reçoit 6 £ par jour ; à Londres, il en recevait le double (ibid., p. 55). Une mission confidentielle à Londres en 1783 lui rapporte 1100 £ 10 sols (ibid., p. 60). En 1791 il lance un nouveau périodique, L'Espion ottoman, dont la souscription annuelle est de 36 £, et meurt «presque dans l'indigence» cette même année (B.Un. ; Feller, éd. 1834, cités dans M, p. 64).
Son bio-bibliographe le considère comme un inlassable propagateur des idées économiques et politiques de Montesquieu. G. a défendu très tôt certaines thèses que les physiocrates allaient rendre célèbres (M, p. 8). Il fut l'un «des chefs de file de l'école dite des agrariens et populationnistes» (ibid., p. 8 et 62). Il n'est guère de sujet, petit ou grand, qu'il n'ait traité, politique, sociologie, économie, démographie, musique, danse, etc. ; s'il démarque volontiers La Bruyère, Montesquieu ou l'abbé de Saint-Pierre, il sait faire preuve également d'une originalité hardie, volontiers cynique, ce qui lui attirera bien des démêlés avec la censure.
L'Année politique, contenant l'Etat présent de l'Europe, ses guerres, ses révolutions, ses sièges, ses batailles, ses négociations, ses traités, etc., etc., et en général tout ce qui intéresse la politique des gouvernements et les intérêts des princes pour servir à l'Histoire de 1758, Avignon, aux dépens de l'Auteur, 1759. Un vol. in-12. G. n'alla pas au-delà de ce premier volume ( D.P.1 120).
L'Espion chinois ou l'Envoyé secret de la Cour de Pékin, etc., Cologne, 1764, 6 vol. : G. en revendique la paternité sur la page de titre de L'Espion français à Londres (D.P.1 387).
L'Espion français à Londres, ou observations critiques sur l'Angleterre et sur les Anglais. Par M. Le Chevalier de G. Ouvrage destiné à servir de suite à l'Espion chinois, du même auteur, Londres, 1779. Deux vol. in-12. Il s'agit de la deuxième édition ; l'édition originale publiée en fascicules, et dont le texte serait plus complet, reste introuvable (M, p. 52). En dépit d'une numérotation et d'une datation irrégulières, on compte quinze fascicules parus du 27 février au 6 juin 1778 ( D.P.1 389).
F.L. Mars attribue à G. L'Espion ottoman ou l'envoyé secret de la porte ottomane pour examiner l'état présent de la France, etc., Paris, 1791, qui devait paraître trois fois par semaine mais dont un seul volume parut (M, n° 162).
L'essai bibliographique de F.L. Mars comporte 178 articles (dont 78 œuvres originales). Il recense aussi tous les ouvrages signés «Madame Sara Goudar». G., en effet, exploita aussi le nom de sa «femme». Citons : Testament politique de Louis Mandrin, Genève, 1755. – Les Intérêts de la France mal entendus dans les branches de l'agriculture, des finances et du commerce, Amsterdam, 1756 (F.L. Mars cite cinq rééditions et une traduction). – Relation historique du tremblement de terre survenu à Lisbonne le 1 er novembre 1755, La Haye, 1756 (dont Voltaire se serait inspiré, M, p. 13). ‑ L'Histoire des Grecs ou de ceux qui corrigent la fortune au jeu, La Haye, 1757. – La Paix de l'Europe, ou projet de pacification générale, Amsterdam, 1757. – L'Anti-Babylone, ou Réponse à l'auteur de la Capitale des Gaules, Londres, 1759. – Mémoires pour servir à l'histoire de la Marquise de Pompadour, Londres, 1763 (attribution «incertaine», M, p. 22). ‑ Mémoires de Madame la Marquise de Pompadour, Liège, 1766. – Naples, ce qu'il faut faire pour rendre ce royaume florissant, Amsterdam, 1769. – Plan de réforme proposé aux Correcteurs de Venise, Amsterdam, 1775. – La Mort de Ricci, dernier général des Jésuites avec quelques réflexions générales sur l'extinction de la société, Amsterdam, 1776. – Le Brigandage de la musique italienne, 1777. – Le Procès des trois rois, Louis XVI de France-Bourbon, Charles III d'Espagne-Bourbon et Georges III d'Hanovre fabricant de boutons, plaidé au Tribunal des puissances européennes, Londres, 1780. – Observations sur l'Histoire de la Bastille publiée par Monsieur Linguet, Londres, 1783, attribué faussement à Jean Dusaulx ; la paternité de G. est prouvée par une lettre autographe à Vergennes. ‑ Défense de M. Necker contre M. le Comte de Mirabeau, Londres, 1787.
B.Un. ; D.O.A. ; D.L.F. ; H.P.L.P., t. II, p. 311. – Casanova G., Histoire de ma vie, Wiesbaden, Paris, Brockhaus-Plon, 1960-1962, t. IX, chap. XI-XII ; t. X, chap. I-II ; t. XI, chap. IX-X. – (M) L'essentiel de cette notice est emprunté à l'ouvrage de F.L. Mars : «Ange Goudar cet inconnu (1708-1791) : essai bio-bibliographique sur un aventurier polygraphe du XVIII e siècle», Casanova Gleanings, t. IX, 1966, augmenté de cinq Addenda (ibid., 1967, 1969, 1971, 1976, 1980), qui rend caducs les rares travaux antérieurement consacrés à G. – Gordon L.S., «La Paix de l'Europe d'Ange Goudar et son traducteur russe», conférence prononcée à l'occasion du 250 e anniversaire de la naissance de J.J. Rousseau, U. d'Etat d'Odessa, 1962 (trad. allemande dans Studien zur plebeyisch demokratischen Tradition der französischen Aufklärung, Berlin, 1972, p. 207-210).
État civil: Un numéro spécial de L’Intermédiaire des casanovistes paru en 2002 apporte des lumières sur la jeunesse de Goudar ; une contribution de Jean-Claude Hauc sur la généalogie des Goudar et la formation de Pierre Ange (« Les vingt-cinq premières années de la vie d’Ange Goudar », p. 1-9) permet notamment de compléter les données fournie naguère par F. Mars . Cette étude, fondée sur les archives municipales de Montpellier, aide à mieux comprendre le milieu social de l’aventurier. Il est en réalité issu d’une famille de Montpellier riche et considérée : son grand-père, Simon-Lucian G. (1592-1662), y était établi comme marchand ; son père Simon-François (1655-1729), marchand également, est nommé en 1705 Inspecteur général des manufactures en 1705 et le reste jusqu’à sa mort. De son second mariage, avec Jeanne Cassan (1647-1743), il a eu sept enfants ; Pierre Ange est né le 28 mars 1708 et a été baptisé le 30.
Formation: Les fils Goudar ont eu un précepteur avant d’entrer, à l’âge de dix ans, au collège des jésuites de Montpellier. Assuré d’une situation confortable, Pierre-Ange ne semble pas avoir quitté Montpellier avant la mort de sa mère, qui le nomme dans son testament de 1733. .
Situation de fortune: Comme tous les enfants de Simon, excepté Joseph, entré chez les bénédictins, Pierre Ange se voit garantir par le testament de son père, une somme de 10 000 £ quand il aura atteint l’âge de vingt-cinq ans. ; sa mère lui lègue 2000 £ ; son frère aîné François lui assurera pendant toute sa vie une rente annuelle de 400 £.
Opinions: Le même numéro spécial attire l’attention sur l’intérêt que Goudar a toujours porté au commerce et à l’économie. En novembre 1763, il fréquente à Londres Casanova et lui parle d’un projet de teinture à l’écarlate dont son frère François avait déposé et exploité le brevet à Montpellier ; on trouve la trace de ce projet dans L’Espion chinois de Goudar en 1764. Casanova s’en sert en outre pour tenter de se concilier les magistrats de Venise, sans succès (« A quattro mani », par J.Cl. Hauc, ouvr. cité, p. 27-28). H. Watzlawick évoque le débat qui oppose au Comte de Mirabeau Jean-Philippe Hardy puis Goudar, qui publie en 1787, sous anonymat : Réponse à M. le Comte de Mirabeau sur la dénonciation de l’agiotage, puis Défense de M. Necker contre M. le Comte de Mirabeau (« Ange Goudar anonymous critic of count Mirabeau », p. 19-23).
Bibliographie: L’Intermédiaire des casanovistes , année XIX, 2002, Numéro spécial dédié à Ange Goudar (J.S.).
Le chevalier de Bruix est fils d'un officier, signalé en 1766 comme mort au service. Les registres paroissiaux de Bayonne mentionnent plusieurs familles Bruix ou de Bruix. Si, en 1728, seule est annoncée la naissance d'un fils de Pierre Bruix cabaretier («Le vingt-septieme septembre 1728 a été baptisé Pierre Bruix, né la veille, fils de Pierre Bruix, cabaretier et de Jeanne Biton»), les registres de 1726 et 1729 nous apprennent la naissance de deux fils de Bernard de Bruix, lieutenant-colonel à la Suite de Bayonne, et de Marie de la Salle : le premier baptisé le 3 août 1726 et prénommé Pierre Etienne, le second né et baptisé le 9 juin 1729 et prénommé Jean Louis Félicien. Faut-il rattacher à cette famille le chevalier qui aurait vécu à Bayonne dans «la meilleure compagnie» ? N'oublions pas que l'auteur de la notice du Nécrologe assure qu'il est «d'une des plus anciennes races de la Chalosse», «la terre, baronnie de Bruix» étant «dans sa Maison depuis Philippe le Hardi». Quoi qu'il en soit, le chevalier a deux frères : l'un dit Bruix l'aîné, marié à Lorient ou au Port-Louis et qui, ayant dissipé les fonds d'une caisse qui lui avait été confiée, est obligé de s'enfuir (vers 1761), l'autre dit (de) Bruix du Sandau, qui, en 1766, se présente comme ancien capitaine d'infanterie et qui, parti à Saint-Domingue, revient de temps en temps en France.
Ayant quitté Bayonne pour Paris, le chevalier y exerce la banque rue Beaurepaire. Mais il ne réussit pas (il manque à la foi publique) et se met alors, avec son frère aîné qui l'a rejoint, à vivre d'intrigues et d'expédients. C'est ainsi qu'il revend à bon marché et au comptant des marchandises qu'il a achetées à crédit. Dans le cadre de cette activité, il entre en relation, vers la fin de 1762, avec un marchand épicier de la rue Neuve des Petits Champs, Antoine Sauvel, auprès de qui il va s'endetter et emprunter, en l'espace de deux ou trois ans, des sommes considérables. Lui et son frère se lient alors intimement avec deux autres Bayonnais, amis d'enfance et d'école retrouvés à Paris (l'un d'eux est Pierre Nicolas Coste d'Arnobat), et tous quatre vont abuser de la crédulité et de la facilité de Sauvel, peut-être flatté, comme le suggère le rapport du commissaire Chenon, de parler sur un ton d'égalité avec de jeunes «gentilshommes». En juin 1764, ils louent à Lay, sous le nom de Coste, une maison ou ils s'installent «en société» (auparavant les deux frères Bruix ont habité rue de Tournon chez Clossin, traiteur et tenant de chambres garnies). Ils poursuivent là une affaire de chimie ou... d'alchimie, dirigée par un certain M. de Langlade et dont le succès est annoncé comme infaillible. En même temps, ils y attendent Bruix du Sandau qui, venant de Saint-Domingue, leur a demandé de louer pour lui une maison à la campagne ainsi qu'un appartement à Paris (cet appartement est retenu a l'Hôtel de Bayonne, rue Saint Honoré, vis-à-vis le Palais Royal). Pour mener à bien leurs opérations de chimie, pour accueillir décemment «Bruix l'Americain» qui aurait promis de rembourser dès son arrivée, et aussi pour subsister, les Bruix et leurs compagnons ne cessent de soutirer marchandises et argent à Sauvel, qui, en juin 1765, à l'occasion du renouvellement du bail, se porte caution des meubles de la maison de Lay. Tous semblent mener joyeuse vie et se rendent souvent à Paris pour se divertir. Le chevalier a pour maîtresse la Merville (ex La Guérin) qui demeure rue Poissonnière où il va fréquemment. Mais, en avril 1766, Sauvel, qui se prétend embarrassé pour satisfaire à des engagements relatifs à son commerce et qui constate que Bruix du Sandau, arrivé en France, refuse d'acquitter les dettes de ses frères, porte plainte, nie, à l'encontre de ce que soutiennent ses débiteurs, qu'il ait jamais eu l'intention de mettre des fonds dans l'entreprise de chimie et d'en accepter les risques. D'abord objet d'une tentative d'arbitrage confiée par M. de Sartine au fils de l'avocat genéral Joly de Fleury, l'affaire finit par prendre l'allure d'une véritable affaire d'escroquerie et le Roi donne l'ordre, le 1 er septembre 1766, d'arrêter et de conduire en prison le chevalier et son frère. Ceux-ci s'enfuient alors à l'étranger et se réfugient à Bruxelles. Dès son arrivée, le chevalier écrit à M. de Sartine une lettre ou il lui rapporte l'histoire de sa vie et lui donne sa version de l'affaire. Près de quatre ans plus tard, il lui adresse un nouveau Mémoire, le priant de «retirer» les lettres de cachet qui le regardent, lui et son frère, puisqu'ils «ont pris des mesures pour assurer au Sieur Sauvel ce qui lui est du». Le Roi révoque ses ordres le 15 avril 1770 et le comte de Saint-Florentin expédie les ordres nouveaux le 18 avril. Le chevalier et son frère rentrent en France.
Le père officier ne laisse aucun bien à ses enfants. Comme le chevalier dépense beaucoup, alors qu'il n'a ni état ni fortune soutenue, il se couvre de dettes, emprunte et, dans l'embarras, ne recule pas devant des moyens plus ou moins répréhensibles. Il quitte sa chambre de la rue de Tournon sans acquitter le loyer, abandonnant une malle où il n'y a presque rien et, après son départ, pleuvent assignations, significations, sentences, lettres de change pour être payées. La dette contractée auprès de Sauvel s'élève globalement à 30 000 £ environ. Certes, le chevalier et ses complices font des reçus, signent des billets à ordre, mais, à l'échéance, les laissent impayés. Et, a la suite de la tentative d'arbitrage, ils ne se soucient pas de respecter les termes de l'accommodement selon lequel ils doivent verser immédiatement (fin avril) 2000 £ à Sauvel et la même somme tous les trois mois jusqu'à extinction complète de la dette.
Le Conservateur ou Collection de morceaux rares et d'ouvrages anciens, élagués, traduits et refaits en tout ou en partie , continué par Le Conservateur ou Collection de Morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes imprimés ou manuscrits, élagués, traduits et refaits en tout ou en partie , Paris, Lambert, 1756-1758 ( D.P.1 222) et 1761 ( D.P.1 223), 38 vol. au total. Le privilège est au nom de B. En janvier 1758, B. et Turben en sont considérés comme les auteurs (B.N., f.fr. 22160, f° 72, 19 janv.) ; le n° d'avril paraît avec permission tacite (ibid., f. 85) ; le n° de juin est donné comme de Turben seul (f° 97) ; les numéros d'août, septembre et octobre paraissent en février 1759 : «Cet ouvrage qui était resté suspendu va reparaître assidument depuis que le sieur Turben l'a quitté et que le chevalier de B. l'a repris. Je crois que Fréron y travaillera aussi» (f.fr. 22161, f° 9, 1 er mars 1759).
Le Discoureur , Amsterdam et Paris, chez Fournier, 16 février-7 décembre 1762, un volume in-8° de 568 p., l'exemplaire retrouvé comptant 50 numéros ( D.P.1 355).
Voir Cio r 18 , n° 14281-14286 : Réflexions diverses de M. Ie chevalier de B[ruix] , Londres, Paris, 1758. – Les Après-Soupées de la campagne, ou Recueil d'histoires courtes , Amsterdam et Paris, 1769, 2 vol. (en collaboration avec Antoine de Leris). – Sennemours et Rosalie de Civraye, histoire française , Amsterdam et Paris, 1773, avec permission tacite du 17 décembre 1772. – Cécile , drame en trois actes et en prose, Londres et Paris, 1776.
D.B.F , D.L.F. – Nécrologe , 1781, p. 117-128. – A.M. Bayonne, Reg. par., G.G. 70 et 73 ; Ars., Archives de la Bastille 12272 f° 153263.
Mots-clés : PENSEES, REFLEXIONS, LITTERATEURS, XVIIIE SIECLE, SATIRES
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